Dans le sol qui entoure nos plantes vit une vaste communauté de micro-organismes, dont certains peuvent être des agents pathogènes qui affectent négativement le développement des cultures. Cependant, tout dans le monde souterrain n’est pas nuisible ; il existe des champignons bénéfiques qui jouent un rôle fondamental dans la protection et la croissance des plantes, en particulier ceux que l’on trouve dans la rhizosphère.
Dans cet article, vous découvrirez quels sont les champignons bénéfiques du sol, comment ils aident vos cultures et quels sont les plus importants pour améliorer la santé du sol de manière naturelle.

Que sont les champignons bénéfiques du sol ?
Les champignons bénéfiques sont des organismes qui interagissent de manière positive avec les racines des plantes, les aidant à absorber les nutriments, à se protéger contre les agents pathogènes et à améliorer leur résistance au stress environnemental. La plupart de ces champignons forment des associations symbiotiques dans la rhizosphère, apportant des avantages essentiels au développement agricole durable.

Importance des champignons bénéfiques en agriculture
L’agriculture moderne est confrontée à de grands défis liés à la perte de fertilité des sols, à l’utilisation intensive d’agrochimiques et à la prolifération de maladies d’origine fongique. Les champignons bénéfiques représentent une alternative écologique et efficace pour atténuer ces problèmes. Leur capacité à améliorer la structure du sol, à fixer les nutriments et à favoriser une croissance saine des plantes est cruciale pour parvenir à des systèmes agricoles durables.
De plus, de nombreuses études ont montré que l’utilisation de champignons bénéfiques réduit la dépendance aux engrais chimiques et aux fongicides, ce qui non seulement diminue les coûts de production, mais minimise également l’impact environnemental.
Classification des champignons bénéfiques
Nous présentons ci-dessous une classification des principaux champignons bénéfiques du sol en fonction de leur rôle :
Champignons Mycorhiziens Arbusculaires (CMA)
Les CMA sont essentiels pour améliorer l’absorption des nutriments par les plantes. Ces champignons s’associent directement aux racines en formant des mycorhizes, ce qui augmente la surface d’absorption et facilite l’absorption de minéraux tels que le phosphore, le zinc et le cuivre.

- Glomus spp. : Améliore l’absorption des nutriments (en particulier le phosphore), formant des réseaux mycéliens étendus qui explorent de grands volumes de sol.
- Rhizophagus intraradices : Favorise la croissance des racines et la résistance au stress hydrique, contribuant à la rétention d’eau dans les sols secs.
- Funneliformis mosseae : Augmente la tolérance aux métaux lourds, protégeant la plante dans les sols contaminés.
- Claroideoglomus etunicatum : Favorise l’acquisition de phosphore dans les sols pauvres, en particulier dans les cultures pérennes.
Champignons Antagonistes (Biocontrôle)
Ces champignons agissent comme agents de biocontrôle, inhibant le développement des champignons pathogènes par la compétition pour l’espace et les nutriments, ainsi que par la production de composés antimicrobiens.
- Trichoderma harzianum : Contrôle les champignons pathogènes tels que Fusarium et Pythium par la production d’enzymes lytiques qui dégradent la paroi cellulaire des agents pathogènes.
- Trichoderma viride : Améliore la structure du sol grâce à la production d’exopolysaccharides qui favorisent l’agrégation des particules du sol.
- Trichoderma asperellum : Augmente la résistance systémique des plantes aux maladies foliaires et racinaires.

Champignons Endophytes
Les champignons endophytes colonisent l’intérieur des racines sans causer de dommages à la plante. Dans de nombreux cas, ces champignons contribuent à la résistance au stress abiotique et à la défense contre les agents pathogènes.
- Piriformospora indica : Augmente la tolérance au stress abiotique tel que la sécheresse et la salinité, améliorant la vigueur de la plante.
- Serendipita vermifera : Favorise la croissance de cultures telles que le maïs et le blé, en particulier dans des conditions de faible disponibilité en azote.
Champignons Solubilisant le Phosphore
Ces champignons libèrent des acides organiques qui dissolvent le phosphore insoluble, le rendant accessible aux plantes.
- Penicillium spp. : Améliore la disponibilité du phosphore dans les sols acides et compactés.
- Aspergillus niger : Augmente la solubilisation des phosphates dans les sols alcalins par la production d’acides citrique et oxalique.

Champignons Promoteurs de Croissance (PGPR)
Outre leur action contre les agents pathogènes, certains champignons favorisent directement la croissance des plantes en produisant des hormones végétales telles que les auxines et les gibbérellines.
- Beauveria bassiana : Lutte biologique contre les ravageurs tels que les vers et les coléoptères, favorisant également le développement racinaire.
- Metarhizium anisopliae : Lutte contre les insectes nuisibles et renforcement du système racinaire par la colonisation superficielle des racines.
Mise en œuvre dans les systèmes agricoles
L’incorporation de champignons bénéfiques dans les pratiques agricoles peut se faire par l’application de bioproduits contenant des spores viables. Il est essentiel de respecter les doses recommandées et de tenir compte de la compatibilité avec d’autres intrants agricoles.

Conclusion
Les champignons bénéfiques du sol sont des alliés indispensables pour l’agriculture moderne. Leur capacité à favoriser la croissance des plantes et à protéger contre les maladies permet de réduire l’utilisation d’agrochimiques et d’améliorer la durabilité des systèmes de production. Miser sur des stratégies de gestion qui intègrent ces micro-organismes contribue à la santé du sol et à la résilience des cultures.
Références
- Smith, S. E., & Read, D. J. (2008). Mycorrhizal Symbiosis. Academic Press.
- Harman, G. E., & Kubicek, C. P. (2002). Trichoderma and Gliocladium. CRC Press.
- Barea, J. M., Pozo, M. J., Azcón, R., & Azcón-Aguilar, C. (2005). Microbial co-operation in the rhizosphere. Journal of Experimental Botany, 56(417), 1761-1778.