La tache noire (Alternaria solani) et le mildiou (Phytophthora infestans) représentent deux des maladies fongiques les plus redoutées par les agriculteurs cultivant des tomates (Solanum lycopersicum) et des pommes de terre (Solanum tuberosum). Bien que causées par des agents pathogènes distincts, ces deux maladies partagent la capacité de se propager rapidement dans des conditions environnementales favorables et de provoquer une défoliation sévère, une réduction drastique du rendement et, dans les cas extrêmes, la perte totale de la récolte. Comprendre les différences entre ces maladies, reconnaître leurs symptômes et appliquer des stratégies de gestion intégrée est fondamental pour protéger ces cultures essentielles dans l’agriculture latino-américaine et à l’échelle mondiale.
Démêler les Ennemis : Alternariose vs. Mildiou
Alternariose : L’Attaquant Opportuniste en Climats Chauds
L’alternariose, causée par le champignon Alternaria solani, est une maladie qui apparaît généralement aux premiers stades du développement de la plante, en particulier après le début de la floraison et pendant les périodes de temps chaud et humide. Le champignon peut survivre dans les débris de cultures infectées dans le sol ou sur des graines contaminées.
Symptômes de l’Alternariose :
- Feuilles : Elle se caractérise par l’apparition de taches sombres, circulaires ou irrégulières, qui présentent souvent des anneaux concentriques (similaires à des marques de cible). Ces taches peuvent atteindre plusieurs centimètres de diamètre et sont généralement entourées d’un halo jaunâtre. Les feuilles gravement atteintes peuvent jaunir, se flétrir et tomber.
- Tiges : Des lésions sombres et enfoncées peuvent également se développer sur les tiges, ce qui peut affaiblir la plante et affecter le transport de l’eau et des nutriments.
- Fruits/Tubercules : Chez les tomates, l’alternariose peut provoquer des taches sombres et coriaces à l’extrémité du pédoncule du fruit. Chez les pommes de terre, les lésions sur les tubercules sont généralement fermes, légèrement enfoncées et brun foncé, avec un tissu sec et liégeux en dessous.

Mildiou : La Menace Rapide et Destructive en Conditions Fraîches et Humides
Le mildiou, causé par l’oomycète Phytophthora infestans, est tristement célèbre pour son rôle dans la Grande Famine irlandaise du XIXe siècle. Cette maladie peut se développer et se propager extrêmement rapidement dans des conditions de temps frais (15-20°C) et d’humidité relative élevée, en particulier pendant les périodes de pluie ou de brouillard prolongées. L’agent pathogène produit des spores mobiles (zoospores) qui peuvent être facilement dispersées par le vent et l’eau, entraînant des épidémies dévastatrices en peu de temps.
Symptômes du Mildiou :
- Feuilles : Initialement, des taches irrégulières de couleur vert pâle à brun apparaissent, qui s’étendent rapidement et deviennent brun foncé ou noires, avec un aspect humide ou huileux. Dans des conditions d’humidité élevée, une croissance moisie blanche et cotonneuse peut être observée sur la face inférieure des feuilles, en particulier sur les bords des taches. Les feuilles gravement atteintes se flétrissent, s’enroulent et meurent, dégageant une odeur caractéristique de décomposition.
- Tiges : Des lésions sombres et allongées peuvent également se développer sur les tiges, souvent accompagnées de la même croissance moisie blanche. Les infections des tiges peuvent étrangler la plante et entraîner son effondrement.
- Fruits/Tubercules : Chez les tomates, le mildiou provoque de grandes taches irrégulières de couleur brun foncé à noire sur les fruits, qui peuvent s’étendre rapidement et entraîner leur pourriture. Chez les pommes de terre, le mildiou peut infecter les tubercules, provoquant des lésions irrégulières, légèrement enfoncées, de couleur brune à violette, qui s’étendent à l’intérieur du tubercule sous forme de pourriture sèche et granuleuse de couleur brun rougeâtre.

Stratégies Intégrales de Prévention : La Première Ligne de Défense
La prévention est la stratégie la plus efficace pour minimiser l’impact de l’alternariose et du mildiou. La mise en œuvre des pratiques culturales suivantes peut réduire considérablement le risque d’infection et la gravité de la maladie :
- Rotation des Cultures : Éviter de semer des tomates ou des pommes de terre sur la même parcelle année après année. Alterner avec des cultures non solanacées (comme les légumineuses, les céréales ou les cucurbitacées) pendant au moins 2 à 3 ans peut aider à réduire l’accumulation des agents pathogènes dans le sol.
- Sélection de Variétés Résistantes ou Tolérantes : Choisir des variétés de tomates et de pommes de terre qui présentent une résistance ou une tolérance à l’alternariose et au mildiou, si elles sont disponibles dans votre région. Bien que la résistance complète soit rare, les variétés tolérantes peuvent subir moins de dommages.
- Utilisation de Semences et de Jeunes Plants Sains : Utiliser des semences certifiées exemptes d’agents pathogènes et des jeunes plants vigoureux et sains, provenant de pépinières fiables.
- Espacement Adéquat entre les Plants : Assurer un espacement adéquat entre les plants lors du semis ou de la transplantation pour favoriser une bonne circulation de l’air et permettre aux feuilles de sécher rapidement.
- Buttage des Pommes de Terre : Butter les plants de pommes de terre (recouvrir la base des tiges de terre) aide à protéger les tubercules des spores de mildiou qui pourraient être entraînées du feuillage vers le sol par la pluie.
- Paillage : Appliquer une couche de paillis organique autour de la base des plants peut aider à empêcher les spores du sol d’éclabousser sur les feuilles pendant la pluie ou l’arrosage.
- Arrosage Correct : Éviter l’arrosage par aspersion, surtout en fin de journée. Il est préférable d’arroser directement au niveau du sol (irrigation goutte à goutte ou tuyaux poreux) pour maintenir le feuillage aussi sec que possible. Arroser tôt dans la journée permet aux feuilles qui auraient pu être mouillées de sécher rapidement avec le soleil.
- Fertilisation Équilibrée : Maintenir les plants vigoureux avec une nutrition équilibrée en fonction des besoins de la culture et des analyses de sol. Les plants sains sont plus capables de tolérer les maladies. Éviter l’excès de fertilisation azotée, qui peut favoriser une croissance foliaire dense et plus sensible aux maladies.
- Assainissement de la Culture : Éliminer et détruire les feuilles, les tiges ou les fruits infectés dès que les symptômes sont détectés. Ne pas composter les matières végétales malades. À la fin de la saison, éliminer et détruire tous les débris de cultures de tomates et de pommes de terre du champ ou du jardin.
Stratégies de Traitement et de Contrôle Actif : Intervenir pour Sauver la Récolte
Si l’alternariose ou le mildiou apparaît dans vos cultures, il est crucial d’agir rapidement pour contrôler la propagation de la maladie :
- Identification Précise : Il est fondamental de distinguer l’alternariose du mildiou, car les stratégies de contrôle peuvent varier légèrement. Observer attentivement les symptômes sur les feuilles, les tiges et les fruits/tubercules.
- Taille et Élimination des Tissus Infectés : Enlever et détruire les feuilles, les tiges ou les fruits/tubercules qui présentent des symptômes de la maladie. S’assurer de nettoyer les outils de taille entre chaque coupe pour éviter la propagation de l’agent pathogène.
- Application de Fongicides : L’utilisation de fongicides est souvent nécessaire pour contrôler l’alternariose et le mildiou, en particulier dans des conditions environnementales favorables à la maladie.
- Alternariose : Des fongicides de contact (comme le chlorothalonil, le mancozèbe) et systémiques (comme l’azoxystrobine, le difénoconazole, le myclobutanil) peuvent être utilisés. Les applications préventives, en commençant avant l’apparition des symptômes ou au début de la maladie, sont généralement plus efficaces.
- Mildiou : Nécessite l’utilisation de fongicides spécifiques efficaces contre les oomycètes. Quelques exemples incluent le métaxyl, le cymoxanil, le fluazinam et le propamocarbe. En raison du développement rapide du mildiou, les applications préventives et les applications précoces après la détection des premiers symptômes sont cruciales. Il est important d’alterner les fongicides avec différents modes d’action pour prévenir le développement d’une résistance de l’agent pathogène.
Toujours suivre les instructions de l’étiquette du fabricant concernant la dose, la fréquence d’application et les précautions de sécurité.
- Surveillance Constante : Inspecter régulièrement les cultures à la recherche des premiers signes de la maladie, en particulier pendant les périodes de temps chaud et humide (pour l’alternariose) ou frais et humide (pour le mildiou).
- Contrôle Biologique : La recherche sur le contrôle biologique de l’alternariose et du mildiou est en cours. Certains micro-organismes bénéfiques peuvent montrer un potentiel pour supprimer la croissance des agents pathogènes, mais leur efficacité dans des conditions de terrain peut varier.
Conclusion : Une Approche Vigilante pour Protéger les Récoltes de Tomates et de Pommes de Terre
L’alternariose et le mildiou représentent des menaces importantes pour la production de tomates et de pommes de terre, avec le potentiel de causer des pertes économiques substantielles. Cependant, grâce à la mise en œuvre de stratégies intégrales de prévention axées sur des pratiques culturales appropriées et la sélection de variétés résistantes, associées à une surveillance constante et à l’application opportune de traitements si nécessaire, les agriculteurs peuvent minimiser l’impact de ces maladies et assurer des récoltes saines et abondantes. La compréhension des différences entre l’alternariose et le mildiou, ainsi que des conditions qui favorisent leur développement, est essentielle pour une gestion efficace et pour protéger ces cultures essentielles à l’alimentation humaine.
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